Baldizzone

Il faut de l’altruisme et beaucoup de générosité d’âme pour parvenir à saisir l’instant où le sujet bascule, où la sensibilité s’exprime. C’est la raison pour laquelle les photographes italiens Tiziana et Gianni Baldizzone nous touchent tant. Des images belles, nourries par l’universel. A l’ère des selfies et du nomadisme, au-delà des individualités, Tiziana et Gianni Baldizzone visent l’authenticité. Pas d’effets picturaux ni de collages sophistiqués. « Seulement la lumière naturelle. Nous nous sommes mis au rythme des artisans. On n’a pas cherché le geste mais uniquement à entrer dans le vif de la relation humaine ». Un regard direct posé sur l’humain avec sagesse et humilité. De la poésie à l’état brut, comme dans ce masque du théâtre Nô entre les mains de l’artisan japonais où le sourire se grave dans l’air blanc.

Maurizio Cattelan

Vase, écharpe, coussin… Maurizio Cattelan et le photographe Pierpaolo Ferrari signent pour Seletti une collection capsule à la fois provocatrice, drôle, absurde, déviante… Les pièces sont ornées d’images tirées du magazine Toilet Paper, fondé en 2010 par les deux artistes italiens. Doigts coupés parfaitement manucurés, savon croqué, poisson farci de pierres précieuses, canari à l’aile coupée,…

Roman Cieslewicz

Une personnalité engagée, Roman Cieslewicz envisageait son rôle de graphiste en prise directe avec l’actualité. C’est ainsi une affiche de Mai 68 réalisée pour illustrer la couverture de la revue Opus qui a intégré la collection du Musée du sourire en mars 2018. Pas n’importe laquelle : « La Joconde », une larme de sang sur la joue en écho au mouvement contestataire en France… Artiste majeur de la scène graphique de la seconde moitié du XXe siècle, Roman Cieslewicz (1930–1996) est un acteur majeur de l’École de l’Affiche polonaise avant de conquérir le monde du graphisme au cours des premières années qui suivirent son arrivée en France.

Claude Closky

La matière première de Claude Closky, ce sont les mots, les signes, les nombres qu’il ordonne et réorganise jusqu’à semer le trouble. Des jeux de pistes altérant les automatismes de nos systèmes de représentation, et un goût de l’accumulation et des classements rationalisés comme à travers ses « 1000 premiers nombres classés par ordre alphabétique ». Le sourire de l’absurde, le sourire d’un « Hihihi » graphique sur une feuille quadrillée a intégréle musée. Claude Closky a joué sur le décalage des petits carreaux. Son rire dessiné est une exception dans le musée, comme tout ce qu’il fait.

Joël Ducorroy

Peintre sans pinceau, Joël Ducorroy se définit lui-même comme un artiste « plaquetitien ». Dans un souci constant d’accessibilité, Joël Ducorroy (né en 1955) s’impose comme un humoriste néo-conceptuel qui joue avec le verbe. Son intérêt pour les plaques numérologiques est né de sa fascination pour les hiéroglyphes du Louvre. Il signe ici une nature morte, une photographie en noir et blanc, montrant la statuette d’une déesse, un livre de chevet (« L’Amateur de peinture »), et une plaque numérologique où sont gravés les mots « visage souriant ». Sans aucun doute, le sourire le plus abstrait de la collection du Musée du sourire. En 2007, Joël Ducorroy a décoré le « mur des urgences » de l’hôpital Necker à Paris. Une composition constituée de plaques d’immatriculation de différentes couleurs et de mots clés significatifs comme notamment le mot « sourire » écrit en lettres blanches sur fond rouge.

François Fontaine

Photographe globe-trotter, François Fontaine a rapporté de ses voyages en Asie du Sud Est et de la cité d’Angkor au Cambodge au début des années 2000, une série de sourires comme figés dans la jungle pour l’éternité. « Le bouddha d’Angkor » est l’une des plus belles images de ces sculptures abandonnées à la nature. Son talent : capter la fragilité de l’humain, qu’il soit vivant ou sculpté dans la pierre. François Fontaine a expos « Rêves de statues » et « Les christs de Salvador » en 2009 à la Maison Européenne de la Photographie à Paris. Né en 968, le photographe continue à se laisse guider par ses intuitions et ses émotions, à la manière d’un écrivain ou d’un cinéaste.

John Hamon

Le sourire inconnu le plus connu de Paris, c’est celui de John Hamon. En 2017, le Musée du Sourire a intégré à sa collection l’une de ses affiches de propagande. Sourire en coin, lèvres brillantes, le regard espiègle et le cheveu tout ébouriffé… Depuis 2001, la figure amusée du garçon aux lunettes sourit aux Parisiens. En 1999, l’artiste a 19 ans lorsqu’il prend cette photo d’identité. Tout d’abord, une bouille affichée de façon anonyme, puis affublée d’un nom, John Hamon. Oui, c’est bien le sien. L’artiste français part en campagne. Ses affiches se retrouvent sur le mobilier urbain, à l’angle d’une rue, haut perché sur les murs… Créant la surprise, la nuit, à la sauvage, son visage est projeté sur des monuments de la capitale, La BNF, Les Invalides, La Tour Eiffel, Le Palais de Tokyo… Un slogan prémonitoire surgit : « C’est la promotion qui fait l’artiste ou le degré zéro de l’art ».

Catherine Ikam

Catherine Ikam et Louis Fléri créent des environnements virtuels interactifs depuis 1990. Ensemble, ils ont conçu « L’Autre », une cire anatomique réinterprétée par un système de saisie laser, présenté en 1992 à la Fondation Cartier à Paris. « L’Autre » est un visage souriant. Plus on s’approche de la source, plus le simulacre numérique vous sourit. Oscar, présenté en 2007 à la Maison Européenne de la Photographie, sourit de toutes ses dents, un leurre apprivoisé. Son portrait figure dans la Collection du Musée du sourire depuis 2018. Les « Portraits particules » montrés en 2016 à Enghien-le-Bains continuent de surprendre. Et d’autres sourires virtuels à venir.

Mireille Loup

Photographe et vidéaste, Mireille Loup loge le sourire là où on ne l’attend pas ! A l’Ecole de la Photographie d’Arles, en 1994, Mireille Loup avait exploré le contre-sérieux. On la retrouve à travers une série d’auto-filmages sur Youtube. L’artiste se filme dans le rôle de plusieurs personnages caricaturaux. Elle y dénonce la bêtise haute en couleur. Une parodie du kitsch et une critique acerbe de la société. Née à Lausanne en 1969, Mireille Loup réjouit le monde de son regard acide et tendre.