Critiqué pour avoir introduit l’iconographie de la bande dessinée et de la publicité dans son art dès les années 60, Roy Lichtenstein est aujourd’hui reconnu comme l’un des pionniers du Pop Art américain. « Je parie que tu n’es pas capable de peindre aussi bien que ça, hein, papa ? » lance à l’artiste l’un de ses fils qui feuilletait un album de Mickey. De cette boutade naît Look Mickey. Cette toile présente un agrandissement d’une vignette de bande dessinée avec deux personnages créés par Walt Disney: Mickey et Donald. Roy Lichtenstein n’est ni l’auteur des personnages ni celui de la scène dans laquelle ils se présentent. Il décrit lui-même son style comme étant « aussi artificiel que possible ». Peinte en 1961, l’œuvre devient vite une icône du Pop Art américain. Le terme « pop » évoquant le style « populaire » en anglais.
« Woman in bath » « est un tableau de 1963, conservé au Musée Thyssen-Bornemisza à Madrid. La Musée du sourire fait l’acquisition d’une lithographie datée de 1986. On reconnaît les points de trame « ben-day », la marque de fabrique de Lichtenstein. L’artiste copie l’effet de tramé qui permet à l’impression de produire un mélange visuel avec le blanc du support. Le terme « ben-day » ou « benday » évoque les points qui apparaissent lors du procédé. Son nom vient en 1896 de son inventeur, l’imprimeur américain Benjamin Day. Lichtenstein met au point une technique de masque pour produire les points de trame, les points sont exécutés à la pointe du pinceau directement. Il engage pour ce faire un assistant. Lichtenstein accentue par la suite l’effet décoratif de ces points en les grossissant et en les peignant sur une tôle perforée mécaniquement. Le sourire est éclatant. Sans doute a t-il puisé dans l’iconographie des magazines de mode de l’époque, Elle ou Vogue.
Depuis sa première exposition à la galerie Leo Castelli en 1962, Lichtenstein a intégré le langage publicitaire dans ses œuvres : lignes, formes, couleurs… Dans sa volonté de démocratiser l’art, Roy Lichtenstein a su élever l’affiche au rang d’œuvre d’art aux Etats-Unis. Au XIXe siècle, les premières affiches (« poster » en anglais) signées Toulouse-Lautrec ont bénéficié de la promulgation en France de la loi du 29 juillet 1881 qui consacre la « liberté de la Presse » et proclame le libre affichage. (encadré vers le livre)
Roy Lichtenstein est élevé à New York. Une mère, pianiste, et un père, agent immobilier. Sa première exposition individuelle a lieu chez le marchand Leo Castelli en 1962. Tous les tableaux sont achetés par des collectionneurs influents avant même qu’elle ne soit inaugurée. Roy Lichtenstein a 28 ans. Il va abandonner ses points de trame pour pasticher les maîtres de la peinture moderne, Van Gogh, Mondrian, Fernand Léger… Au-delà de la référence à la bande dessinée, ses cadrages et découpages ont la particularité d’être cinématographiques. Il fait entrer la narration dans le monde de la peinture. En 1989, sa toile Torpedo…Los! est vendue pour 5,5 millions de dollars, un record à l’époque pour un artiste vivant.