« Habiter le visage » (2017), c’est le titre de ce portrait dessiné de Gilles Barbier montrant un visage laminé par la fonte des songes. La femme âgée a les yeux souriants, les rides creusées par le ruissellement des années. « Mon rapport à l’histoire est fait de parcelles, de morceaux épars », explique Gilles Barbier, natif du Vanuatu, l’archipel aux quatre-vingt-trois îles en mer de Corail. Le Musée du sourire a acquis la gouache de Gilles Barbier, « Habiter le visage », en 2022 auprès de la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois.
C’est à Marseille, installé dans la ville phocéenne depuis 1992, que Gilles Barbier compose ses énoncés, alimente son « Terrier », fabrique des visages qui parlent. Pour l’artiste, manger une côte de bœuf ne permettra jamais de comprendre le bœuf dans tous ses développements possibles. L’artiste fait appel à l’imagination de chacun, aux fantasmes qui viennent suppléer à la lecture. En 1993, cet artiste polyvalent réalise une première œuvre à la fois picturale et conceptuelle prenant pour modèle des pages du dictionnaire Larousse, qu’il reproduit à la main, à l’encre et à la gouache, sur des papiers de grand format. Son talent de dessinateur s’y révèle avec force. Vingt-cinq ans plus tard, les marges blanches ont été intégrées au dessin, et prennent la forme de maisons suspendues. De loin, ces baraquements sont des vigies, ils s’apparentent à des sutures adhésives propres à accélérer la cicatrisation.
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