Timide, narquois, carnassier, glamour, conquérant… 19 sourires ont été recensés par Alexia Guggémos pour le magazine Psychologies. Desquels usez-vous ? Lever de voile sur la plus subtile des expressions humaines.

« Le sourire provient d’une vibration qui associe la joie et la terreur, l’émerveillement et l’effroi », écrit Patrick Drevet dans son essai Le Sourire (Gallimard). Complexe, il révèle ce que nous sommes. Pourtant, à l’inverse du rire, qui préoccupe les chercheurs depuis une vingtaine d’années, peu d’études ont été consacrées à la plus subtile des expressions humaines.

A quand remonte le premier sourire ? On peut légitimement se le demander. A la naissance, il n’existe pas. Il apparaît chez le bébé entre son 30e et son 45e jour, au plus tard à 3 mois, pour exprimer un contentement à la vue d’une personne familière, à l’écoute d’un son mélodieux ou après un repas. L’apprentissage par imitation va ensuite jouer son rôle et donner tous ses sens au sourire. Le psychologue Paul Ekman en a recensé dix-neuf différents, dont ceux empreints de peur, de mépris ou d’ironie : les rictus.

Sourire est d’abord un mécanisme cérébral. Selon les scientifiques, tout commence par une excitation de la partie antérieure de notre hypothalamus, glande située à la base du cerveau. Telle une onde, elle transmet un influx nerveux au système limbique, siège des émotions. Le tonus musculaire se relâche, les réactions faciales de contentement apparaissent (une excitation de la partie postérieure de l’hypothalamus entraîne des réactions de mécontentement).

Si quinze muscles sont nécessaires pour rire, il en faut autant pour amorcer ce que le dictionnaire définit trop simplement par « un léger mouvement des yeux et des lèvres ». Mais à chaque type de sourire ses muscles spécifiques ! Ainsi, le sourire de politesse, simple plissement des lèvres, met en jeu la contraction du grand zygomatique, alors que le sourire de joie, large et éclatant, fait intervenir l’orbiculaire palpébral, le muscle des paupières. Celui-ci ne s’active qu’involontairement lors de sensations agréables : impossible de confondre un rictus contraint et un sourire de bonheur.

Le sourire est un autre langage, un moyen de traduire ce qui, en nous, reste muet. Loin d’être un « sous-rire », il ouvre sur de multiples univers : il y a le sourire épanoui de l’amoureux, le gêné du timide, le conquérant du séducteur, le serein de Bouddha. Nous en avons retenu six. Tour d’horizon.