« L’art comme vecteur de changement social », un débat à écouter sur les antennes de Radio Fidélité, le 28 avril 2025 de 11h à 12h. Au cœur des discussions, le sourire, l’un des gestes les plus ambigus. Invitation ou injonction ? Résistance ou politesse sociale ? Dans l’art, il prend une tout autre dimension : celle d’un acte de ré-appropriation sociale.

La street artist Tatyana Fazlalizadeh l’a bien compris. Avec sa campagne Stop Telling Women to Smile, en 2019, l’Américaine a collé dans les rues des portraits de femmes assortis de messages clairs : « Ce n’est pas à vous de me dire de sourire. » Le sourire devient ici symbole d’une violence invisible, dénoncée par le biais du dessin.

« Le sourire imposé est une forme subtile de domination sociale, particulièrement envers les femmes », souligne la sociolinguiste Deborah Tannen.

À une autre échelle, JR, avec son projet mondial Inside Out, lancé en 2011, transforme les visages anonymes en affiches monumentales dans l’espace public. Dans de nombreuses actions de ce projet, les visages souriants deviennent des signes d’espoir, d’unité ou de mémoire collective : mineurs en Turquie, femmes au Mexique, réfugiés aux frontières. Le sourire n’est pas ici une façade, mais une revendication : « Nous sommes là, regardez-nous. »

« Le sourire est un acte de lien, mais aussi de résistance silencieuse », écrit l’anthropologue David Le Breton.

Dans ces œuvres notament, le sourire devient une réponse douce à des réalités dures. Une manière de ré-humaniser les visages dans un monde qui les classe, les efface ou les juge.

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